L'église de Klicevac
Eglise de Klicevac (1902) |
Dans le passé,
lors des temps difficiles, les églises et les monastères étaient
les seuls lieux où les Serbes étaient en contact avec
la culture et l'éducation.
Dans l'ancien état serbe, Klicevac ne comptait
que 14 foyers et ne disposait pas d'église ni de pope. Seul le village
voisin de Klepecka (qui aujourd'hui n'existe plus) avec ses 54 foyers,
avait une église. Un recensement de la population, réalisé
en 1467 par l'occupant turc, fait état d'un pope appelé Vukasin,
vivant à Klicevac avec son frère Boja et son fils Radica. Mais à
aucun moment, il n'est mentionné la présence d'une église à Klicevac.
Sous le joug turc, les chrétiens devaient payer
un important impot et n'avaient pas accès à l'éducation. En plus
de cette répression, une guerre Austro-Turque qui dura 16ans
(1683-1699) mit la Serbie à feu et à sang, laissa les champs non
cultivés et transforma les villages en ruine. Voici ce qu'a écrit le Patriarche Atanasije Daskal sur ces événements :
"Sur la terre serbe, il ne règne que la mort, la guerre et
la mort unies, des cadavres sans personne pour les enterrer. Il
ne reste pas le dixième de la population."
Cette guerre entraîna en 1690 de grande migration, le patriarche
Arsenie l'a vécu :
"Nuit et jour nous marchions avec notre misérable peuple, nous fuyons
d'un endroit à un autre comme un bateau sur un océan."

Mosaïque
de Saint. Trifun |
Alors que le peuple n'eut même pas le temps de soigner ses
plaies, une nouvelle guerre austro-turque éclata. A nouveau
la faim et la misère. Le village Klicevac fut entièrement
brûlé, la moitié des habitants tuée et
l'autre moitié s'enfuit dans les environs laissant tout à
l'abandon. Après cette guerre qui donna la victoire à
l'Autriche, il fut fait un recensement de la population et il fut
constaté que Klicevac n'existait plus, il ne restait qu'un
champ de ruine déserté. L'Autriche imposa une rude
domination sur la Serbie, mais étant chrétienne donna
plus de liberté de culte.
Sur l'ordre du
Métropolite de Belgrade Vicentija Jovanovic, en 1733, une mission fut
envoyé dans tout le nord de la Serbie afin de constater l'état des
églises et de la population. Dans le compte-rendu, il est écrit :
"Le village Klicevac éloigné de 1 heure du village
Marijane compte 30 foyers, il y vit des Serbes et des Valaques."
Le monastère Nimnik proche de Klicevac a été
décrit de la manière suivante :
"Eglise consacrée à St. Nicolas, c'est une vieille
construction en pierre, avec des arches en pierre, sans clocher
et assez éloignée du village, il n'y a pas de livre
ni d'habit de prière, une vraie misère."
Dans le compte-rendu, il est également dit à propos
de l'ecclésiastique :
"Radosav Marijanski, originaire de Vidine, est âgé
de 57 ans. Sa formation au monastère Zitojan, près
de Luk, en langue valaque a duré 4 ans. Il eut d'abord un
évêché en terre turque pendant 8 ans. Il occupe
ses fonctions au monastère Nimnik depuis 16 ans."
Au XVIIIème siècle, comme nous le voyons dans ces
comptes-rendus, Klicevac n'avait ni église ni pope et dépendait
de l'église du village Marjane. A cette époque, beaucoup
de villages n'avait pas d'église. Les rares églises étaient souvent
faites en bois ou en branches tressés, quelques fois enduites
de boue mais rarement peinte à la chaux.
Après les insurrections serbes, le nombre d'habitant augmenta
considérablement. Dans cette nouvelle Serbie, la situation
économique s'améliorant d'année en année,
le patriarcat put mieux s'organiser. Il entreprit ainsi la construction
de nouvelles églises. C'est alors qu'en 1830 fut construite
la première église à Klicevac consacrée
à Saint Trifun. Mais ce n'est qu'en 1837 qu'elle fut inaugurée
et ouverte au public.
Cette église servie aux fidèles jusqu'en 1902, cette
année là fut construite une nouvelle et plus grande
église située sur une petite colline près du
centre du village.
Les
premiers travaux d'entretient furent entreprit en 1923 avec le ravalement
de la façade. Les dépendances servant de maison et
de lieu de travail au pope furent construites en 1936. L'horloge
fut posée en 1938. L'église traversa la période
communiste sans dégat mais aussi sans grand entretient. Il
fallut attendre l'année 1985 pour que furent entrepris d'important
travaux de restauration. Een 1989, pour célébrer les
600 ans de la bataille du champ des Merles du Kosovo, un chêne
fut planté dans le jardin de la paroisse. En 2004, une mosaïque
de Saint Trifun fut posée dans l'arc de voute de l'église.
|