8. L'époque contemporaine
Après des siècles
d'occupation turque et de décadence, la Serbie commence lentement
son émancipation. Cependant, le pays gouverné par le prince Milos
est encore loin d'être démocratique, le peuple est toujours sujet
à des discriminations et soumis à un fort impôt.
C'est vers la seconde moitié du XIXème siècle
qu'apparaissent les partis politiques. Le gouvernement devient alors
la cible de bataille politique et plusieurs renversement de pouvoir
se succède. Des parlementaires réussissent à faire abdiquer le prince
Milos, son successeur le prince Michel est assassiné au bout de
deux ans de règne. Le fils de Karadjordje, le prince Alexandre vient
gouverner, mais lui aussi est assassiné avec sa femme la princesse
Draga.
Entre 1895 et 1899, un habitant de Klicevac, Stojan Stojicevic est
député à l'assemblé nationale. Il est également maire de Klicevac.
La population garda un très bon souvenir de lui car il est à l'origine
de la construction, entre 1900 et 1902, des trois principaux édifices
du village, à savoir l'école, la mairie et l'église.
Au début du XXème siècle plusieurs guerres sont
venus saigner la Serbie. Il y eût d'abord, en 1912 et 1913,
deux guerres balkaniques, une contre les Turcs et l'autre contre
les Bulgares, puis vint en 1914 la première guerre mondiale.
Plusieurs habitants de Klicevac ont participé à ces guerres et beaucoup
sont morts. Parmi ces morts, il y avait Stojan Kostadinovic qui
fut mobilisé en 1912. Il combattit dans la coalition alliée
composée de Serbe, Grecque et Bulgare contre les Turcs et
mourut sur le champ de bataille en mars 1913 pour la libération
de la ville de Edirne (actuellement en Turquie, anciennement appelée
Andrinople ou Odrin) et cela quelques temps avant la fin de la seconde
guerre balkanique dont le traité de paix fut conclu à Bucarest en
août 1913. En 1914, l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand
fut le déclencheur de la première guerre mondiale. En représailles,
l'empire Austro-Hongrois envahie la Serbie. Cette guerre fut terrible
pour le peuple serbe et pour les habitants de Klicevac. Les hommes
étaient tous au front qui se situait sur le Danube, seuls
les femmes et les enfants restèrent à Klicevac. En 1915,
Klicevac fut bombardé par l'aviation autrichienne, 3 bombes atteignirent
le village. Il fut également la cible de l'artillerie autrichienne
se situant de l'autre coté du Danube. Le 7 octobre 1915, l'armée
autrichienne envahie la région. La majorité des habitant fuièrent
le village, ceux qui restèrent, furent fait prisonnier et
déportés dans des camp de travail à Arad (ville se
situant aujourd'hui en Roumanie). La mère de Stojan mort à Edirne,
Marija Kostadinovic, âgée de 57 ans, passa 6 mois dans un camp de
travail à Arad, alors que sa bru Mileva Kostadinovic avec ses enfants,
Zivko et Bosiljka, passa un mois cachés dans les forêts alentours.
En 1918, la victoire des armées serbes et des Alliés permit le retour
des combattants.

Des
militaires serbes en 1922
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Après la 1ère guerre mondiale, Klicevac
fait partie d'un nouvel état, le royaume des Serbes, des Croates
et des Slovènes, puis en 1929 du royaume de Yougoslavie. Le village
reprend la voie du développement, il exporte des céréales et du
bétail. En 1923, il est élevé au rang de municipalité, mais il ne
le restera que quelques années, les habitants ne voulant
pas payer un impôt supplémentaire.
Le 27 mars 1941, le pacte de non agressivité signé
par le gouvernement serbe avec l'Allemagne fut rejeté par la population,
sortie dans la rue en scandant "On veut la guerre, pas le pacte.
Le 6 avril 1941, Belgrade est bombardé, faisant 2000 morts. En moins
de 10 jours l'armée allemande envahie le pays, le Roi s'exile et
un gouvernement d'occupation est instauré avec à sa
tête le général Nedic.
Pendant cette occupation qui durera quatre ans (1941-1945), la population
vit dans la peur, elle est contrainte à fournir de la nourriture
aux Allemands. Les razzias sont courantes dans les villages. Les
opposants sont déportés dans des camps en Allemagne ou à Banjica.
Le village Klicevac n'est pas exempt des razzias, ainsi en octobre
1941, deux habitants de Klicevac, les commerçants Zivko Dacic et
Vukica Stankovic furent tués puis pendus à un arbre de la cours
de l'école du village. Toute la marchandise du magasin de M. Dacic
fut emportée et cela avec la voiture volée de Stevan K. Vasic.
A plusieurs reprises tous les habitants furent regroupés sur la
place de la mairie. Une fois ce fut pour la mort de deux Allemands,
retrouvés noyés dans le Danube près du village Ram. En colonne par
deux, les habitants défilaient devant la fenêtre de la mairie à
travers laquelle des agents allemands essayaient d'identifier les
assassins. Deux habitants de Klicevac furent reconnus, Dragoljub
Mirkovic et Zivan Mitrovic. Capturés, ils furent emmenés à Banatska
Palanka, ville dans laquelle stationnait la police fluviale et où
ils furent torturés. Mais grâce au témoignage du maire du village
Ram : " J'ai vu deux militaires allemands près du Danube tourner
autour des barques, et après en avoir dérobée une, ils sont partis
en direction de la Roumanie. ", les deux habitants de Klicevac avec
d'autres accusés furent libérés. Ces autres accusés étaient des
bûcherons de la société JAMNIK de Hrastovaca.
Mais la grande terreur des habitants de Klicevac était un Hongrois
appelé Joshka, il vivait en Serbie, à Kostolac, depuis la 1ère guerre
mondiale, il était berger. Avec l'arrivé des Allemands il rentre
dans la collaboration. Son principal rôle était d'approvisionner
en nourriture l'armée allemande, et pour cela il organisait des
razzias dans les villages. Armé jusqu'aux dents, il obligeait Zivko
Pantic, un habitant de Klicevac, à partir avec son cheval distribuer
une liste aux maires des différents villages alentours. Sur cette
liste était inscrit la quantité de nourriture à apporter à Klicevac
où attendait Joshka. Les gens avait vraiment peur
de lui car c'était lui qui assassinat les commerçants Zivko Dacic
et Vukica Stankovic. Il brûlât aussi la maison de Dacic et celle
de Dragoljub Ivanovic-Belet qui quitta le pays et ne revint jamais.
A la libération, il fut capturé et après avoir été battu, il fut
tué par les Partisans de l'armée yougoslave.
L'armée bulgare est aussi venue à Klicevac, un matin, elle
encercla le village et lorsqu'elle voulu regrouper les habitants
sur la place de la mairie, Dobrosav Glisic tentât de s'enfuire pour
donner l'alerte mais il fut rattrapé et tué. L'armée bulgare reparti
après avoir pillé le village.
Pendant cette guerre, le village fut bombardé à partir d'un bateau
stationné sur le Danube à Banatska Palanka. Seuls des dégâts matériels
étaient à déplorer.
Les Croates profitent de l'occupation de la Yougoslavie pour créer
un état indépendant, c'est la grande Croatie fasciste d'Ante Pavelic.
La population non croate est chassée ou exterminée dans des camps
de concentration comme Jasenovac. C'est ainsi qu'une cinquantaine
de familles réfugiées de Croatie arrivent à Klicevac, où la population
les héberge et les nourrie grâce à l'aide de la croix rouge. A la
fin de la guerre, pendant la période 1945-1946, ces familles sont
envoyées en Voïvodine dans les maisons laissés libres par les Allemands.
Dans le pays, la résistance des Partisans communistes se
développe sous la direction du Croate Josip Broz dit Tito,
tandis qu'une autre résistance, moins bien organisée,
s'organise autour de Draza Mihajlovic, un royaliste, surnommé
le "général des balkans". Tito libère
le pays, renverse la monarchie, liquide les Tchetniks serbes et
prend le pouvoir.
Aussitôt après avoir instauré
le régime totalitaire du parti unique, les dirigeant communistes
commencent de grandes réformes, une politique de nationalisation
est menée. Les sociétés privées sont
fermées. La réforme agraire touche particulièrement
Klicevac. On limite la possession de terre à 10 hectares
pour les paysans et à 3 hectares pour les commerçants
ou les fonctionnaires. Le surplus est confisqué sans dédommagement
pour le compte du fond de l'agriculture. Le fond redistribue ces
terres à des paysans disposants de moins de 3 hectares. La
superficie totale des terres arables de la commune de Klicevac est
de 2000 hectares, à l'époque certains propriétaires
terriens étaient en possession de 50 à 100 hectares.
On confisque des porcs et des ovins, ils seront données aux
nouveaux paysans. Le parti instaure également des corvées
(actions de travail) pour la reconstruction du pays.
Au début des années 1970, un grand
nombre d'habitant a immigré pour des raisons économiques
vers l'Europe occidentale. Aujourd'hui, rare sont les familles qui
n'ont pas au moins un membre travaillant à l'étranger.
Les principaux pays d'immigrations sont l'Autriche, l'Italie, l'Allemagne
et la France.
Cartes
des Balkans (source : www.atlas-historique.net)
Carte
de la 1ère guerre balkanique
Carte
de la 2nde guerre balkanique
Carte
des Balkans à la veille de la 1ère guerre mondiale
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