7. L'insurrection serbe
Après le traité
de paix de Belgrade de 1739, la Serbie est à nouveau aux mains des
Turcs et un nouveau gouvernement est instauré. Le territoire
est découpé en 700 régions, appelèes "Timores"
et gouvernées par des "Spahijes", qui sont fidèles
à l'autorité ottomane. A la tête des "Nahijes", qui regroupaient
plusieurs Timores, se trouvaient des princes, lesquels avaient deux
représentants auprès du vizir.

Assassinat
de Moustafa-Pacha par les janissaires |
C'est le soulèvement des janissaires contre le Sultan qui fut le déclencheur
de la première insurrection serbe contre l'occupant turc. Profitant
du déclin du pouvoir ottoman à la fin du XVIIIème et au début du XIXème
siècle, les janissaires, qui suivant le traité de Svistovski n'étaient
pas autorisés à pénétrer dans le Pachalik de Belgrade, s'approprièrent
de force des villages pour y récolter l'impòt. Moustafa-Pacha, vizir
de Belgrade, s'appuyant sur une armée composée de Serbe, essaya de
les repousser, mais sans succès. En 1802, les janissaires pénètrèrent
dans Belgrade, assassinèrent le vizir et prirent le pouvoir
en tant que Dahije.
Les Serbes révoltés, essayèrent
de s'organiser et demandèrent de l'aide au Sultan et aux
pays voisins. Mais pour étouffer ce début de résistance serbe, les
Dahijes entreprirent l'élimination des dirigeants serbes, c'est
ainsi qu'ils commencèrent la décapitation des princes.

Carte
nord-est de la Serbie |
Dans les rangs de Stanko Arambasic, qui fut l'un des premiers à
s'être soulevé contre les janissaires, il y avait Milenko
Stojkovic originaire de Klicevac. Lorsque en 1804 commença la
décapitation des princes, Milenko, qui menait une vie tranquille dans
son village, prit le maquis et constitua une milice. Apprenant qu'une
insurrection mené par Karadjordje a commencé dans la Sumadija
contre les Dahijes, il décide d'armer des hommes dans les principautés
de Ram, Pec, Rec, Zvizd et Porec, nomme des officiers (Zivka Sljivic
de Brezane, Rajica N. de Gradista et Djordje N. de Petka-Gornje) et
commence immédiatement des attaques contre les Turcs. Le 3 mars 1804,
les troupes de Milenko incendient les habitations turques à Bihotin
et Kusic. Le 4 mars, ils détruisent le Khan de Pozarevac.
Le 8 mars, toute la Nahija de Pozarevac est en rébellion, plus de
2000 hommes en arme cherchent à rejoindre les troupes de Karadjordje.

Karadjordje
|
Le conflit commençant à prendre des proportions importantes,
on décida de faire appel au vizir de Bosnie, Becir-Pacha, pour
servir de médiateur. Lorsqu'il arriva à Belgrade avec
ses Spahijes, les janissaires refusèrent de le recevoir et
se réfugièrent dans la fortification d'Adakale en emportant
avec eux tout l'or de Blegrade. Le vizir Becir-Pacha, continuant de
jouer le rôle de médiateur, rédiga une lettre
déstinée à l'administrateur d'Adakale, dans laquelle
il écrit que le Sultan désire que les Dahijes soient
livrés aux Serbes. Milenko Stojkovic avec 40 hommes et le Spahije
de Pozarevac furent choisis pour apporter la lettre à Adakale. Pendant
que ses hommes étaient cachés dans la forêt, Milenko, habillé en Valaque,
se présenta seul à l'administrateur Ibrahim Redjep. Après avoir lu
la lettre, Ibrahim prit peur et lui répondit de revenir le soir pour
lui indiquer le lieu où se cachaient les Dahijes. Le soir venu, Milenko
avec ses hommes réussi à tuer les quatre Dahijes et s'empressa de
les rapporta à Belgrade empalé.
Pour arrêter l'insurrection, qui commençait
à gagner toute la Serbie, les Turcs décidèrent d'envoyer
leur armée régulière. Le 16 août 1805, à la bataille d'Ivankovac,
les troupes de Milenko Stojkovic remportèrent une victoire
éclatante. L'armée turque fut mise en pièce et leur commandant Hafis-Pacha
fut blessé.

Drapeau
serbe |
S'inspirant des Russes, les insurrectionnels serbes décidèrent en
1805, de créer un Soviet (conseil), dans le but d'avoir un organe
de commandement centralisé. Le Soviet était composé de 12 membres,
chacun représentant une nahije (province). Le représentant de la nahije
de Pozarevac était Jovan Popovic, le seul, en plus du Serbe, à lire
et écrire le Turc et le Grec. C'est Karadjordje qui le premier voulut
regrouper le commandement de l'insurrection. A cette époque, l'insurrection
était encore séparée en trois centres. Le premier était la Sumadija
mené par Karadjordje, le second était la nahije de Valjevo mené par
Jakov Nenadovic et la troisième était tout le nord-est de la Serbie
dont le commandant était Milenko Stojkovic.
En 1811, une nouvelle organisation du pouvoir
est instaurée. Les Voïvodes sont élevés au rang de fonctionnaire
d'état. Milenko Stojkovic est choisi pour être le ministre des affaires
étrangères et reçoit des mains de Karadjordje, signé par le Soviet,
sa lettre de nomination. Mais pour des raison de pouvoir, Milenko
Stojkovic refusa ce poste. Il entra en conflit avec Karadjordje
et, malgré les protestations de la nahija de Pozarevac, dû s'exiler
en Russie.
La déroute des troupes serbes commenca en 1813.
Le célèbre combattant Hajduk Veljko fut tué, la ville de Deligrade
tomba aux mains des Turcs et Karadjordje quittat le pays.
Un document provenant du commandement, retranché
à Pancevo, nous informe que le 12 août 1813 les troupes turques
sont entrées dans Klicevac. Elles ont immédiatement brûlé la maison
du Voïvode Milenko Stojkovic, puis se sont retranchées sur
les hauteurs du village. Elles avaient dans l'intention de détruire
toutes les habitations appartenant aux commandants insurrectionnels.
Un autre document, se trouvant actuellement dans les archives de
la ville de Zemun dit "Les Serbes défaits fuient dans toutes les
directions, le village Klicevac est entièrement brûlé."
Après la fuite de Karadjordje à Zemun le 13 octobre
1813, la ville de Belgrade est à nouveau occupé par les Turcs et
un nouveau vizir, Sulejman-Pacha, est nommé. De tous les Voïvodes,
seul le Voïvode Milos Obrenovic se rendit aux Turcs. Après
de vains efforts pour éviter les représailles turques contre la
population serbe, Milos Obrenovic décida, lors d'un conseil à Takovo,
d'une nouvelle insurrection, la deuxième, en disant "Me voilà, vous
voilà et maintenant la guerre aux Turcs". Plusieurs combats furent
menés pour la libération de la région de Pozarevac. Un accord de
paix fut conclu à Bucarest assignant les Turcs à rester dans les
villes. Les Serbes pouvaient eux même récolter l'impòt. L'autonomie
de la Serbie fut officiellement reconnue en 1830, mais les deux
dynasties (les Karadjordjevic et les Obrenovic) se disputèrent
le trône de Serbie jusqu'en 1903.
En 1865, une commémoration fut organisée à Klicevac
pour fêter les 50 ans de la seconde insurrection. En tout 8 habitants
de Klicevac avaient participé à l'insurrection. A Belgrade, une
commémoration fut organisée le 25 mai 1865. Tous les combattants
de l'insurrection encore vivant, furent décorés de la croix de l'ordre
de Takovo. Aux familles des disparus, il fut remis des médailles
en argent.
L'époque
comtemporaine
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