Nos origines sont inscrites dans nos gènes
J'ai personnellement
participé à une étude menée par National Geographic sur les
migrations humaines.
Cette étude permet à chacun de connaître le chemin migratoire suivi
par ses ancêtres il y a plus de 60 000 ans et dont l'origine est la
corne d'Afrique. Pour cela, j'ai envoyé de France un échantillon de
mon ADN (ma salive), il ne pouvait donc pas savoir que ma famille
est originaire des Balkans. Quelques mois après, j'ai recu le résultat
que voici.
A partir de mon chromosome Y (chromosome du sexe
masculin qui est le plus susceptible de subir des mutations, certains
prédisent même sa disparition, il n'a qu'une centaine de gène alors
que le chromosome X du sexe féminin en a plus de 2000), ils ont
pu m'identifier comme faisant partie de l'haplogroupe I2a (P37.2). L'haplogroupe
décrit un ensemble d'individu qui a eu le même chemin migratoire
depuis l'Afrique il y a 60 000 ans. L'haplogroupe I2a a eu pour ancêtre
un seul individu appelé l' "Adam eurasien" portant le marqueur scientifique
M168. Cet homme qui vivait en Afrique il y a environ 31 000 à 79
000 ans est l'ancêtre de tous les non africains vivant aujourd'hui.
Ses descendants ont migrés hors d'Afrique et sont devenus la seule
lignée à survivre en dehors du continent d'origine.
On suppose que c'est l'augmentation de la population et donc le
manque de nourriture qui a contraint ces individus porteurs du marqueurs
M168 à chercher de nouvelles terres de chasse. Un climat favorable
et l'augmentation des espèces animales les ont entraîné vers le
nord-est de l'Afrique. C'est vers cette époque que les premiers
outils et un art primitif apparurent, suggérant un changement mental
et comportemental de ces individus. Ce changement est peut être
dû a une mutation génétique donnant ainsi un avantage cognitif de
"l'Adam eurasien" sur ses contemporains humains maintenant éteint.
Il y a 45 000 ans, une seconde grande migration humaine hors d'Afrique
eu lieu, les marqueurs M89 apparurent. Ils surgirent de la lignée
M168 et se dispersèrent dans les plaines du moyen orient. Quelques
90 à 95% de tous les non-africains d'aujourd'hui sont descendant
de cette lignée. La plupart d'entre eux s'installa au moyen-orient,
mais d'autre continuèrent leur mouvement et suivirent les terres
fertiles d'Iran et les vastes steppes de l'Asie centrale. Les chasseurs
du groupe M89 s'étendirent et peuplèrent toute l'étendue du continent
Eurasien. Un groupe descendant des M89 remonta vers le nord de l'Asie
centrale, l'Anatolie et les Balkans, délaissant les plaines fertiles
pour des forêts et des montagnes. Bien que leur nombre ait été faible
des traces génétiques de leur déplacement sont visibles aujourd'hui.
L'haplogroupe I2a2 est répandu dans le sud-est et le centre de l'Europe,
il est typique des Slaves dinarques (Croates, Serbes et Bosniaques). Sa plus forte densitée se trouve dans l'ex-Yugoslavie et la Moldavie.
Les membres de ce haplogroupe porte le marqueur M170 vieux de 20 000 ans et le marqueur P37.2 vieux de 11 000 ans.
Des déplacements postérieurs (vers 500 av. JC) d'individus de cette
ligné a peut-être eu lieu avec les Celtes.
Comment a été faite l'analyse de mon ADN.
L'analyse a porté sur les marqueurs SNP (Single Nucleotide Polymorphism)
localisés sur le chromosome Y. Leur abondance, leur faible taux
de mutation, leur transmission paternelle et leur absence de recombinaison
confèrent à ces polymorphismes un intérêt significatif dans les
études de génétique de populations. Plus particulièrement, c'est
l'analyse des haplogroupes (séries d'allèles aux sites spécifiques
dans un chromosome) définis par les SNP qui est spécifique à une
population ou une région géographique. Seuls 18 haplogroupes ont
été référencés (ils sont notés par une lettre allant de A à R).

Sur cette figure vous avez mon analyse du chromosome Y. A droite
est indiqué le résultat de l'étude de la répétition des segments
de mon génome qui ont un haut degré de mutation (DYS393, DYS19,…).
Le nombre de répétition de ces segments me place dans un des haplogroupes,
ici l'haplogroupe I.
Si vous souhaitez avoir plus d'information voici le lien vers
le site de National
Geographic.
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