6. Klicevac sous les Autrichiens

Nord-est de la Serbie après le traité de paix de 1718
Districts de : Pozarevac, Ram et Gradiste
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Après une période de paix de 25 ans, une nouvelle guerre
austro-turque allait dévaster la région. Elle commença
en 1716 par une attaque contre l'Autriche du vizir Damir-Ali-Pasha
à la tête de l'armée turque. La défaite
éclaire du vizir, survenue à Petrovarazdin le 5 août
1716, donna aux Autrichiens des velléités de guerre,
lesquelles s'empressèrent de contre-attaquer. Ainsi, en juin
1717, Eugène Savojski avec son armée traversa le Danube
et occupa Belgrade. Les Turcs totalement défaits demandèrent
la paix. Les pourparlers de Passarovitz (Pozarevac) aboutirent à
un traité donnant le pachalik de Belgrade et la région
de Branicevo à l'Autriche. Le nord du territoire serbe allait
être occupé par les Autrichiens jusqu'en 1739.
Dés l'occupation (1717), la région
fut cartographiée par Eugène Epselvic, capitaine de
l'armée autrichienne. Sur la carte, appelée carte
de Langer, n'apparaissent pas tous les villages et en particulier
Klicevac n'y figure pas. Le village Klepecka est quant à
lui mentionné, mais il est également dit qu'il a été
entièrement brûlé et vidé de sa population.
A cette époque, Klicevac n'était donc pas habité.
Un autre recensement entreprit par le pouvoir religieux serbe, réalisé
entre 1733 et 1734, nous informe que Klicevac est un grand village
fortement peuplé. On peut donc conclure que Klicevac a été
détruit et vidé de sa population en même temps
que Klepecka pendant la guerre austro-turque de 1716, mais qu'il
s'est rapidement repeuplé durant les 16 années suivantes.
On peut signaler un cas inverse, le village Izljane qui existait
en 1717, ne figure plus dans le recensement de 1733-1734.
La région était découpée
en districts, lesquels étaient gouvernés par des Proviseurs,
leur adjoint était appelé Ispan et était entouré
de deux aides appelés Iberajter. Sur le plan militaire, le
territoire était divisé en 18 régions, lesquelles
comptaient 150 Haïdouks, 50 Hussards, et 50 aides militaires,
en tout 250 hommes. L'impôt était récolté
par des arendators, qui ne se gênaient par pour dérober
tout ce qu'ils pouvaient. L'administration autrichienne de la région
était totalement corrompus et pire que celle des Turcs.
Malgré cette exécrable administration, les droits
du peuple étaient globalement plus importants, il avait une plus
grande liberté de culte. C'est ainsi que sur ordre du Métropolite
de Belgrade Vicentija Jovanovic, une mission fut envoyée en 1733,
dans tout le nord-est de la Serbie afin de constater l'état des
églises et de la population. Le compte-rendu nous dit que Klicevac
appartenait à l'évêché du monastère du village Marijane et qu'il
comptait 40 foyers. Cet évêché comptait 3 villages et le Paroh (évêque)
était un certain Radosav Marijanski.
Le pouvoir populaire était au main des oborknezs.
Pour le district de Ram, l'oborknez était Stojan Milovanovic.
Lorsqu'en 1737, la Turquie entra en guerre contre
la Russie, l'Autriche en profita pour attaquer les Turcs. Avec l'espoir
de liberer tout le pays, les Serbes se joignirent aux Autrichiens.
Malheureusement, l'armée autrichienne, mal équipée,
subit une grosse défaite. Plusieurs batailles furent menées
dans la région de Ram, toutes ont vu la défaite des
Autrichiens. En 1739, un traité de paix donna aux Turcs Belgrade,
le Nord de la Serbie et le Banat et entraîna un grand exode
de Serbe vers l'Autriche.
Kocina Krajna
Une nouvelle guerre austro-turque, connue sous
le nom de Kocina Krajna, eut lieu de 1788 à 1791. L'Autriche s'était
alliée à la Russie, alors que commençait le déclin de l'empire ottoman.
Avant de débuter cette guerre, l'Autriche envoya
en Serbie des officiers propager l'idée de liberté et d'indépendance
dans le peuple serbe. A Pozarevac, c'est un pope, Antonije Dimitrijevic,
qui distribuât des brochures de propagande autrichienne afin de
mobiliser le peuple contre l'occupant turc. Il les recevait d'un
certain Capitaine Mihailovic.
La déclaration de guerre fut donnée par l'Autriche
à la Porte le 9 octobre 1788, date à laquelle le conflit commença.
Dans la nuit du 8 au 9 octobre, partant de la ville de Kovin, le
sous-lieutenant Jovan Brankovic avec 100 militaires et 50 engagés
volontaires, traverse le Danube au niveau de Smederevo, dans le
but de prendre ou de couler les bateaux turcs. Après une courte
bataille, les Turcs, surpris, eurent toute leur flotte coulée. La
même nuit, des troupes serbes coulèrent des bateaux turcs au niveau
de Ram et Veliko-Gradiste. Les ressortissants turcs de la région,
apeurés, durent se réfugier dans Pozarevac.
L'Autriche mena cette guerre en se servant des
milices serbes (Frajkor). C'est ainsi qu'un certain Koca Andjelkovic,
originaire de Pancevo, allant souvent en Autriche pour son commerce,
prit contact avec des militaires autrichiens, lesquelles l'aidèrent
à créer une milice de 5000 hommes. Cette milice comptait certaine
personnalité, comme l'officier Aleksa Nenadovic ou le sous-officier
Karadjordje, par la suite fondateur de la dynastie royale des Karadjordjevic.
La milice combattit ardemment et remporta plusieurs victoires. Mais
dans la contre-offensive du 6 septembre 1789, les Turcs réussirent
à capturer Koca. Avec 60 camarades, il fut empalé à Tihije et mourut
dans de grande souffrance.
L'armée turque, composée de trois colonnes, entreprit
une grande contre-offensive. Une de ces colonnes avança vers Ram,
à travers la vallée de la Morava et de la Resava, en pillant tout
sur son passage. La population prise de panique traversa le Danube
et s'enfuit vers l'Autriche. En 2 jours, plus de 6000 personnes
de la région de Ram s'enfuirent. Le territoire se vidant, les Turcs
appellèrent la population à rester et leur promit qu'il n'y
aurait pas de représailles. Un certain nombre de village commença
alors à se rendre aux Turcs : Kurjace, Kasidol, Topolovnik... Mais,
intervint Anton Kostic avec 120 hommes, envoyés par l'Autriche.
Il empêcha le peuple de s'allier aux Turcs et l'obligea à fuir.
Ainsi 66 villages de la région de Ram furent vidés
de leur population.
Cette guerre prit fin en 1792, avec un traité
de paix conclu à Svistov. Un certain nombre d'avantages furent accordés
aux Serbes. Ils pouvaient, pour la première fois, choisir eux même
les dirigeants de leur principauté. Les Turcs devaient rester cantonné
dans les villes et pouvaient traverser les villages qu'avec une
autorisation. En échange de quoi les Serbes continuaient à payer
l'impôt.
Plusieurs combats eurent lieu près de Klicevac.
Le 10 septembre 1789, le capitaine Marjan mit en déroute l'armée
turque près de Klicevac.
L'insurrection
serbe
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